En cinq séances, l’indice vedette Dow Jones Industrial Average a cédé 1,79% à 17.373,38 points, et le Nasdaq, à dominante technologique, 1,65% à 5.043,54 points.
L’indice élargi Standard and Poor’s 500, jugé le plus représentatif par de nombreux investisseurs, a abandonné 1,25% à 2.077,57 points.
« C’était une semaine assez révélatrice pour les marchés américains », a jugé Gregori Volokhine, de Meeschaert Financial Services, pour qui certains « des principaux piliers de l’optimisme du marché depuis 2008 se sont effrités, si on est polis, effondrés, si on ne l’est pas ».
« Cela ne se voit pas forcément en regardant les indices », dont la baisse a été limitée, « mais la semaine a été très difficile car elle affecté les meneurs de la Bourse », a-t-il reconnu, mettant en avant le groupe informatique Apple, qui a perdu près de 15% après avoir battu des records de capitalisation à la mi-juillet, et Disney.
Le géant des divertissements, qui avait gagné environ 30% depuis le début de l’année, a chuté de quelque 10% en une séance mercredi, après la publication de résultats pourtant corrects, et entraîné derrière lui tout le secteur des médias, dont le conglomérat Viacom, et 21st Century Fox, fleuron audiovisuel de la famille Murdoch.
Pour M. Volokhine, qui cite aussi une chute des biotechnologies, la défiance des investisseurs s’explique par une série de paris malheureux des fonds spéculatifs sur l’énergie, confrontée à une rechute des cours du pétrole, la Grèce et la dette du territoire américain de Porto-Rico, qui a fait défaut cette semaine.
Ces fonds « avaient aussi investi dans les titres les plus performants, et sont donc obligés de les vendre pour compenser leurs pertes », a-t-il conclu à ce sujet. « On peut juste espérer que la contagion s’arrête là. »
– Ventes au détail –
Ebranlée cette semaine, la confiance des investisseurs pourrait avoir du mal à repartir face à la perspective, toujours réaliste, d’une hausse dès septembre des taux de la Réserve fédérale, la première depuis près de dix ans, qui impliquerait le retrait d’un important soutien à l’économie.
Sur ce plan, les chiffres de l’emploi américain en juillet, dévoilés vendredi, ont beau n’avoir été qu’un « non-événement », selon les termes de Steven Ricchiuto de Mizuho Securities, ils n’ont pas écarté la possibilité d’une normalisation imminente de la politique monétaire de la banque centrale américaine.
Avec 215.000 créations d’emplois et un taux de chômage toujours bas à 5,3%, ces chiffres, un peu moins bons que prévu, ont tout de même été « encourageants », pour Tom Cahill, de Ventura Wealth Management.
« Les derniers chiffres en date sont positifs et laissent de plus en plus penser que la Fed va bientôt relever ses taux », a-t-il estimé, citant aussi un très bon indice sur l’activité dans les services en juilet. « Mais le marché n’aime pas ça ! »
« Ce qui n’est pas encourageant, ce sont les résultats des entreprises du S&P 500 », a-t-il prévenu. « Pour le moment, environ 450 groupes les ont publiés », au titre du second trimestre, « et on s’achemine vers une baisse moyenne de 2,5% des bénéfices par rapport à la même époque de l’an dernier. C’est ce qui freine le marché. »
En résumé, « face à une reprise économique correcte et des résultats d’entreprises mitigés », la Bourse est « plutôt trop valorisée », selon Jack Ablin, de BMO Private Bank, ce qui la rend d’autant plus fragile dans l’idée d’une normalisation monétaire.
Dans ce contexte, plusieurs indicateurs pourraient paradoxalement apporter du soutien au marché, comme les ventes au détails de juillet, jeudi et les prix à la production, vendredi, s’ils s’avéraient décevants et donc de nature à pousser la Fed à la prudence.
Toutefois, « à moins de contredire énormément les attentes, les statistiques devraient confirmer que l’on est dans une économie qui va supporter la hausse des taux », a conclu M. Volokhine « Mais est-ce que les marchés vont supporter l’idée de la hausse des taux ? C’est la grande question, et cette semaine, on n’a pas vraiment été rassurés. »
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