Paru sur Boursorama.com
Wall Street semble décidée à jouer à Boucle d’Or et se satisfaire d’indicateurs médiocres à défaut d’être effrayants pour rester près de ses sommets. Lors des cinq dernières séances, les indices ont dérivé en petite hausse, généralement sans entrain.
L’indice vedette Dow Jones Industrial Average a gagné 0,45% à 18.272,56 points. Le Nasdaq, à dominante technologique, a gagné 0,89% à 5.048,29 points, et l’indice élargi Standard and Poor’s 500, très surveillé par les investisseurs, a battu jeudi et vendredi de nouveaux records, même si la hausse a été limitée à 0,31% pour arriver à 2.122,73 points. Dans les jours qui viennent, « le marché sera soutenu par la tendance à la baisse du dollar, mais il faudra garder un scénario à la Boucle d’Or pour éviter de commencer à s’inquiéter d’une récession », a souligné Sam Stovall, chez Standard and Poor’s Capital IQ. « La croissance doit être assez solide pour éviter une récession, mais pas trop forte, ce qui forcerait la Réserve fédérale (Fed) à relever ses taux d’intérêt », a-t-il ajouté, dressant un parallèle avec la Boucle d’Or des contes qui trouve chez trois ours le bol de soupe qui lui convient, ni trop chaud ni trop froid. Ce thème de la « Goldilocks economy » avait notamment trouvé son heure de gloire aux Etats-Unis dans le milieu des années 1990, avant l’explosion de la bulle des valeurs de l’internet. Quant aux derniers jours d’échanges, « cela a été la semaine où les marchés ont commencé à apprécier d’avoir de mauvaises données économiques », a résumé Gregori Volokhine, chez Meeschaert. Le plus flagrant exemple ayant été, selon lui, la déception provoquée par la stagnation des ventes de détail d’avril, annoncée mercredi à la veille de la seule séance de nette hausse de la semaine. « On est revenu à cette façon d’appréhender l’économie où les mauvaises nouvelles sont en fait prises pour des bonnes nouvelles » a-t-il dit, puisqu’elles sont censées dissuader la Réserve fédérale (Fed) de hâter une hausse des taux dont les investisseurs craignent qu’elle entrave les investissements et freine les exportations.
Mais cette interprétation accommodante de statistiques médiocres représente aussi un risque majeur, a-t-il souligné: « si on commence à penser qu’on n’a pas de croissance aux Etats-Unis, si on n’a pas d’inflation et que la Fed va quand même monter les taux, à ce moment là ça sera la panique », a-t-il prédit. Dans la semaine à venir, les investisseurs surveilleront surtout les chiffres sur l’immobilier, avec les statistiques des mises en chantier mardi et des ventes de logements existants jeudi, avant le chiffre de l’inflation, c’est à dire des prix à la consommation, vendredi. Sans prévoir de débandade, Hugh Johnson, chez Hugh Johnson Advisors, table sur une semaine particulièrement morne.
– Positions défensives –
« Depuis les bons chiffres de l’emploi (le 8 mai), les statistiques n’ont rien eu d’impressionnant. Et si on ajoute à ça le fait que le marché est un peu cher, c’est très difficile de tabler sur un bon marché la semaine prochaine », a-t-il dit. « Il ne va rien avoir de très positif » dans les chiffres de l’immobilier, assure-t-il, tablant sur la poursuite d’échanges « sans volatilité ni direction, avec une tendance à la baisse ». En tout état de cause, a remarqué M. Stovall, les titres les plus prisés actuellement sont ceux caractérisés par une faible volatilité, comme les fournisseurs de services de base. « Ce sont des valeurs défensives », a-t-il souligné, témoignant d’un marché particulièrement prudent.
Cela dit, « les investisseurs sont soulagés de voir le dollar s’affaiblir », a noté M. Stovall, qui pourrait annoncer de meilleures performances des entreprises au deuxième trimestre, surtout pour celles qui exportent. Le dollar était vendredi au plus bas face l’euro depuis trois mois et demi, et reculait encore.
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