A la fin de l’année 2015, la France accueillera la 21ème conférence internationale sur le climat, organisée sous les auspices des Nations Unies. L’objectif de la conférence de Paris est ambitieux, mais sonne cette fois comme un ultimatum. Faute d’avoir pu trouver un accord contraignant lors des conférences précédentes, ce rendez-vous sera peut-être la dernière occasion qu’auront les chefs d’Etat de contenir le réchauffement climatique en deçà de 2°C. Ils devront pour cela réduire drastiquement leurs émissions de gaz à effet de serre au cours des quinze prochaines années – et par conséquent trouver des alternatives aux énergies fossiles qui ont permis l’essor de l’économie mondiale aux XIXè et XXè siècles.
La lutte contre le réchauffement climatique et la croissance économique ont longtemps été perçues comme antinomiques – l’une se faisant inévitablement au détriment de l’autre. Or, les études scientifiques récentes montrent que cette vision antagoniste n’est pas fondée : le rapport de Nicholas Stern et Felipe Calderon « Une meilleure croissance pour un meilleur climat », remis à l’Assemblée générale des Nations Unies en septembre 2014, démontre que la réduction des émissions de gaz à effet de serre ne constitue pas un obstacle à la croissance, mais porte au contraire un immense potentiel de développement économique, à condition que la production soit orientée vers des secteurs d’activité « soutenables ».
Par une feuille de route en dix points, il précise les mesures à prendre pour lutter contre le changement climatique – parmi celles-ci, l’abandon des subventions aux énergies fossiles, la taxation des émissions de CO2, l’arrêt de la déforestation, l’encouragement des énergies « bas carbones » grâce à des incitations fiscales, et la multiplication par trois de l’investissement en recherche et développement dans les technologies « propres ». Sur ce dernier point, le contexte actuel, marqué par une vague d’innovation scientifique et technologique remarquable, est particulièrement favorable. L’économiste Gaël Giraud abonde dans ce sens : à l’heure où l’Union Européenne se cherche un second souffle, plaide-t-il, la transition énergétique pourrait tenir lieu de grand projet commun.
Quel que soit le résultat de la conférence de Paris, il serait cependant naïf de penser que le changement viendra exclusivement des chefs d’Etat ou d’un énième accord inter-gouvernemental. Car le défi qui nous attend est immense : tous les acteurs économiques sont concernés. Et parmi ces derniers, on l’oublie trop souvent, les professionnels de la finance ont un rôle crucial à jouer. En transformant l’épargne en investissement, en donnant aux entreprises les moyens de se développer, la finance participe à la croissance économique et donc à l’emploi. C’est même sa fonction initiale, trop souvent oubliée. Aujourd’hui, la question qui se pose à nous, investisseurs, est simple : pouvons-nous non seulement rendre à la finance sa finalité première, mais transformer celle-ci en profondeur pour qu’elle participe au bien de tous ? Dans un monde où la vie de l’homme est indissociablement liée à l’équilibre de la planète, une responsabilité majeure nous incombe : celle d’examiner le comportement des entreprises dans lesquelles nous plaçons les capitaux de nos clients. De privilégier celles qui sont soucieuses de l’individu et de l’environnement.
Ce type d’actifs est désigné sous la formule « investissement socialement responsable » (ISR). Pour un gérant de portefeuille, il s’agit d’encourager les entreprises qui, quelle que soit leur taille, ont placé des critères sociaux et environnementaux au cœur de leur raison d’être. Cela va de la conception de nouveaux produits créateurs de marchés ignorés jusqu’à présent (produits verts, bâtiments durables, voitures hybrides) jusqu’à l’optimisation de l’utilisation des ressources naturelles, de l’approvisionnement, de la distribution, lesquelles donnent lieu à des gains de productivité considérables. On aurait tort de croire qu’investir dans ce type d’entreprises n’est pas rentable. Au contraire, parce qu’elle prend en compte des critères de long terme (développement durable et utilisation réfléchie des ressources naturelles, avancées sociales et bonnes conditions de travail, entre autres éléments), l’entreprise responsable est en réalité plus solide que les autres. Elle est aussi mieux armée pour anticiper les évolutions de la société et répondre aux attentes des consommateurs de plus en plus soucieux du respect de la personne humaine et de l’environnement.
Jusqu’à une période récente, le monde de la finance a trop souvent tourné autour de la notion de profit à court terme. Il est temps d’ouvrir grand portes et fenêtres pour renouveler notre façon de penser et d’agir. Depuis quelques années, la société civile fait preuve d’un dynamisme extraordinaire : entrepreneurs, chercheurs et citoyens proposent des solutions innovantes pour régénérer le capitalisme en le mettant au service du bien commun. Ecoutons-les!
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